Le mot pirate vient du mot grec πειρατης (peiratès) qui vient à son tour du verbe πειραω (peiratein) signifiant « s'efforcer de », « essayer de », « tenter sa chance à l'aventure ».
Un pirate est une personne qui pratique la piraterie. La piraterie est la pratique, aussi vieille que la navigation, qui a pour objet l'attaque d'une embarcation dans le but de voler son chargement, et parfois le bateau tout entier. Cependant, les pirates ne se limitaient pas seulement aux autres bateaux mais parfois attaquaient des petites villes côtières. Le mot « pirate » est rattaché aux actions en mer sans l'aval d'une nation souveraine, contrairement aux corsaires, capitaines d'embarcation privée travaillant pour le compte d'une nation ou d'une personne importante dans la société. La piraterie maritime connut son apogée durant le XVIIIe siècle puis a peu à peu disparu, dû au pouvoir grandissant des nations sur toutes les régions du monde. Beaucoup d'anarchistes se sont inspiré de la philosophie des pirates qui consistait à s'exiler de toute nation afin de mener une vie plus libre.
Les pirates qui sévissaient dans la mer des Caraïbes étaient parfois appelés abusivement boucaniers. En fait, les boucaniers vivent sans chef, et s'occupent surtout du ravitaillement en viande des pirates et flibustiers. Ils chassent essentiellement le bœuf et le cochon qu'ils déposent en quartiers sur des claies de branche (le boucan). Ils allument alors en-dessous un feu de bois vert et fument la viande. Leurs terrains de chasse préférés se trouvent au nord-ouest de Saint-Domingue et dans la baie de Campeche. À l'occasion, il leur arrive de se mêler à une expédition, mais ce n'est pas leur activité principale. La plupart des boucaniers sont à l'origine soit des aventuriers, soit des déserteurs des différentes nations européennes.
Les pirates néerlandais étaient appelés « vrij buiters » (vrij signifiant libre et buit signifiant à la fois acquisition, proie et gibier, cette expression signifie donc « pilleur libre »), ce qui donna par déformation flibustier en français et freebooter en anglais. Il faut d'ailleurs noter que les termes de pirate et flibustier sont globalement équivalents jusqu'au XVIIIe siècle.
Mais avec le contrôle grandissant des grandes nations européennes sur les Caraïbes, certains flibustiers acceptent de se ranger ponctuellement derrière une bannière royale, pour obtenir une certaine légitimité. Cet engagement est très ponctuel, et il faut bien le distinguer du statut de corsaire. En effet, lorsqu'ils agissaient au profit d'une grande nation européenne, par exemple en coulant les navires d'un pays avec lequel cette nation était en guerre, les pirates avaient le statut, supérieur, de corsaire (en langue arabe moderne, قرصان et en turc, Korsan).
De fait, au cours du XVIIIe siècle, le terme de pirate n'est plus utilisé que pour désigner les flibustiers de haute-mer, souvent anglo-américains, qui restent indépendants et dont l'apogée se situe entre 1716 et 1726.
Organisation sociale
Les pirates des siècles passés sont imaginés menant une vie romantique de rebelles intelligents et rusés, agissant en groupe en dehors de la vie régie par les lois et les obligations, telle que nous la connaissons aujourd'hui. En réalité, peu de pirates mangeaient à leur faim ou devenaient riches, la plupart sont morts jeunes, car les provisions emportées étaient infestées de rats et d'autres petites bêtes.
Toutefois, certains aspects de l'organisation des pirates sont surprenants. Contrairement aux sociétés occidentales de l'époque, de nombreux clans de pirates fonctionnaient comme des démocraties limitées : on élisait et remplaçait les dirigeants, par exemple. Le capitaine d'un bateau pirate était souvent un combattant féroce en qui l'équipage avait confiance, plutôt qu'un chef autoritaire issu d'une élite aristocratique. C'était souvent le maître de timonerie, surnommé « le second » ou « le bosco », qui était responsable de l'équipage et qui était chargé de faire régner l'ordre jour après jour, sauf pendant les batailles où c'est le capitaine qui donnait les ordres.
De nombreux groupes de pirates partageaient tout le butin qu'ils obtenaient, en suivant un schéma plutôt compliqué dans lequel chaque homme recevait la part qui lui était réservée. Les pirates blessés au cours d'une bataille recevaient même parfois une prime spéciale. De plus, plusieurs ouvrages relatent le rapport de force très juste entre le capitaine d'un navire et les autres lors d'une victoire. En effet, le butin était partagé de manière à ce que le capitaine reçoive autant que les autres, tout au plus 1,5 fois ou deux fois plus que les autres, mais jamais plus[1].
Les pirates avaient choisi d'être bannis des sociétés traditionnelles, notamment parce que la vie de marin était particulièrement pénible, dangereuse et que la discipline à bord était particulièrement dure. Nombres de marins n'avaient pas réellement choisi ce métier, soit qu'ils aient été vendus comme mousses à un capitaine, ou qu'ils aient été enrôlés de force par la presse, un système largement employé par les Britanniques. Il arrivait souvent qu'ils libèrent des esclaves trouvés dans les navires capturés, les incorporant à leur équipage ou les déposant à terre.
Cependant, ces pratiques égalitaires ne se limitaient qu'à très peu des aspects de la vie des pirates, et n'atténuaient pas réellement la rudesse de leur mode de vie.
Citations pirates :
« Il n'y a en effet qu'un pas du corsaire au pirate ; tous deux combattent pour l'amour du butin, seulement le dernier est le plus brave, puisqu'il affronte à la fois l'ennemi et le gibet »
Washington Irving, Kidd le pirate
« Ils nous dénigrent, les escrocs nous dénigrent, alors qu’il n’y a qu’une différence, ils volent les pauvres sous couvert de la loi, alors que nous volons les riches sous la seule protection de notre courage. »
Le pirate Bellamy à son procès en 1720
« Si tu avais combattu comme un homme, tu n'aurais pas été pendu comme un chien ! »
Anne Bonny à Jack Rackam
Sources :
- Les pirates, G Lapouge,
- D'or, de rêves et de sang, M. Le Bris,
- Histoire de la flibuste, G. Blond,
- Pirates & flibustiers des caraïbes, catalogue de l'exposition, Abbaye de Daoulas 2001.